Conseil d'Expert, Voyages

Snowbird dans la neige!

clock 15 MINUTES DE LECTURE

Alexandre et Valérie forment le sympathique duo de PRÊTS pour la route. Depuis quatre ans, ils parcourent l’Amérique à bord de leur Airstream et partagent avec les internautes leurs aventures en VR. Ils se trouvaient au Mexique lorsque les mesures liées au coronavirus ont été annoncées. Voici le récit de leur retour rocambolesque en terre québécoise !

C’est en novembre dernier qu’on a pris la décision de passer l’hiver au Mexique à bord de notre Airstream. Le plan initial, c’était de sillonner d’est en ouest le sud des États-Unis, de la Floride jusqu’en Californie. Nous faisions notre premier arrêt à Nashville pour profiter des nombreux bars sur Broadway, quand nous avons analysé la météo de nos prochaines destinations… Du froid et du temps gris. Or, comme on venait de quitter le Québec, on avait envie de chaleur et de belles plages.

 

C’est là que j’ai lancé l’idée à Valérie de partir pour le Mexique. Elle était un peu réfractaire à l’idée : « C’est pas dangereux, le Mexique, Ale ? Est-ce que les routes sont assez belles pour s’y rendre avec la Airstream ?’ » J’ai fait des recherches, ai parlé à plusieurs amis des Internets pour comprendre un peu le fonctionnement du Mexique. J’ai ainsi appris qu’il était non seulement possible de s’y rendre en toute sécurité, mais qu’en plus, les Mexicains sont des gens accueillants et généreux. Il n’en fallait pas plus pour convaincre Vale. Le 7 décembre, on traversait la frontière mexicaine en direction de notre premier arrêt, la petite ville de Saltillo.

 

Dès notre arrivée au sud de la frontière, nous avons tout de suite pu constater ce qu’on nous avait dit à propos des Mexicains. Leur bonne humeur est contagieuse, et la musique omniprésente dans tous les villages. L’ambiance était à la fiesta !

 

 

Notre itinéraire nous a amenés de l’est jusqu’au centre du Mexique. Nous avons tout d’abord découvert la Huatesca Potosina, avec ses rivières bleu turquoise dans la jungle luxuriante. Puis nous avons visité les villes coloniales de San Miguel de Allende, Guanajuato et Guadalajara. Nous voulions terminer notre périple sur les plages exotiques de la côte ouest.

 

 

Le 16 mars…

 

Même si nous sommes sur la route à temps plein depuis presque quatre ans, nous ne sommes pas pour autant déconnectés de la réalité. Nous nous tenons toujours à l’affût des nouvelles, aussi bien de celles de chez nous au Québec, que de celles qui pourraient avoir un impact sur nos prochains déplacements.

Depuis quelques semaines, nous suivions donc avec intérêt le développement du coronavirus, qui commençait à inquiéter les gens aux quatre coins du monde. Nous étions par contre loin de penser, à ce moment-là, qu’il allait changer complètement le cours de notre aventure. Nous avions même fait un Youtube Live pour dire à nos abonnés que nous avions envie de rester au Mexique et de poursuivre notre voyage malgré tout (c’était le 14 mars). Il faut dire qu’il n’y avait presque aucun cas répertorié au Mexique, et que les médias annonçaient que ce virus menaçait principalement les personnes âgées. On ne se sentait ainsi pas visés. On se croyait même presque invincibles.

Mais de jour en jour, le virus progressait à une vitesse fulgurante. Notre inquiétude a monté d’un cran. Nous apprenions que des jeunes étaient touchés, que l’Italie était en confinement complet, et que des cas commençaient à arriver chez nous et même au Mexique. Entretemps, on voyait le flagrant manque de proactivité du gouvernement mexicain. Les touristes continuaient à arriver par milliers à Puerto Vallarta au moyen de bateaux de croisière et d’avions. Il n’y avait aucune mesure de salubrité supplémentaire de prise. On a même vu une publicité qui annonçait qu’aucune personne n’était infectée au Mexique, et que c’était le bon moment pour venir profiter de la plage à Puerto Vallarta ! De plus, même si nous nous sentions en sécurité dans notre camping, nous commencions à avoir peur que les frontières ne se ferment et que nous soyons bloqués au Mexique pour les prochains mois…

C’est là que notre compagnie d’assurance nous a fait parvenir un avis nous indiquant que nous n’aurions plus de couverture si nous ne rentrions pas au pays. Et le coup de grâce a été porté lors de la conférence de presse de notre premier ministre Justin Trudeau le 16 mars. Lorsqu’il a dit qu’il était temps pour tous les Canadiens à l’extérieur de rentrer à la maison, Valérie et moi, on s’est regardé. Notre décision était prise : il fallait s’en aller.

Sans même prendre le temps de réfléchir, on s’est mis à l’ouvrage. On a ramassé nos affaires et on a accroché la roulotte au camion. 15 minutes plus tard, nous étions sur la route.

 

 

50 heures de route en ligne droite en direction du Québec, du froid et de la neige… On était vraiment déçus de devoir dire au revoir à notre itinéraire initial et de laisser toutes les belles destinations prévues sur notre « bucket list ».

Vale et moi, quand on prend la route avec un objectif en tête, on avale les kilomètres à un rythme fou. On prend le volant à tour de rôle. Vale conduit la nuit, car elle a de meilleurs yeux que moi dans le noir. Et pour ma part, je suis un lève-tôt et j’ai une bonne endurance pour conduire de jour. On s’est donc dit que tant qu’à remonter en ligne droite, on n’allait pas perdre de temps. 24 heures plus tard, nous étions arrivés à la frontière américaine.

C’était celle qui nous inquiétait le plus, en fait… Est-ce qu’on allait nous laisser passer ? Est-ce que de nouvelles annonces nous empêcheraient de poursuivre notre route ? Nous savions qu’une fois qu’on aurait franchi cette étape, nous serions au moins assurés de pouvoir rentrer chez nous.

À notre arrivée à la frontière, étonnamment, il n’y avait pas grand-chose de différent malgré la montée du Covid-19. On est donc passés comme dans du beurre. Peu d’attente, peu de questions. Et hop ! Nous étions déjà de retour sur la route.

 

 

Pour la première fois depuis notre départ, on a pris une pause pour dormir dans le stationnement d’un Walmart au Texas. Je devais aussi faire un changement d’huile sur mon camion. Mine de rien, on avait déjà parcouru plus de 8000 km depuis le début de ce voyage, sans compter le retour imprévu de plus de 5000 km que nous étions en train de réaliser ! Après une désinfection complète de l’habitacle, on a repris la route jusqu’à Nashville. Ça nous a fait tout drôle de repasser sur le même chemin qu’on avait pris l’automne dernier, et de revoir en accéléré toutes les destinations des derniers mois.

On a profité d’une dernière nuit à la chaleur avant de faire notre grande virée en direction de Québec. Mais au matin, alors qu’on s’apprétait à reprendre la route, j’ai vu qu’un des pneus de la Airstream était anormalement mou. On pouvait même entendre un « pchhhhiiiiiiitttt » constant. Clairement, il y avait une crevaison… J’ai donc trouvé un garage tout près de notre stationnement pour procéder à cette réparation. J’avais bien une roue de secours, mais avec les 2000 km qu’il nous restait à faire, je préférais la garder en cas de pépin et faire réparer le pneu d’origine. On est arrivés au garage, hyper tranquille. Et figurez-vous que le garagiste était mexicain, quelle coïncidence! Il a fait honneur à ses compatriotes en nous fournissant un service rapide et courtois. Il était même super sympathique.

 

On a ensuite pu reprendre la route de façon sécuritaire et se rendre jusqu’au Québec. On voyait le mercure descendre à vue d’œil sur l’écran de notre camion. On a pu passer la frontière rapidement et on s’est rendus jusqu’à Baie-Saint-Paul, dans un chalet qui appartient à la famille de Valérie. C’est là que nous avons passé nos deux semaines de quarantaine sans voir personne, pour éviter des risques de propagation.

Pour l’instant, on se questionne sur notre avenir… Pouvons-nous envisager reprendre la route prochainement ? Est-ce la fin de notre mode de vie nomade ? Seul l’avenir nous le dira !

Pour l’instant, on demeure optimistes et on se dit qu’on va s’en sortir rapidement. Comme le dit après tout notre premier ministre François Legault : ça va bien aller !

Pour suivre le duo de PRÊTS pour la route, visitez www.pretspourlaroute.com!

 

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